Pete Dexter présente le cas assez rare d'un auteur inconnu ou mal
connu en France à force d'être traduit et publié. Il faut croire qu'il a ses fans dans le monde de l'édition puisque pas moins de quatre de ses cinq romans sont sortis chez quatre maisons différentes: Deadwood dans «La Noire» chez Gallimard, Un amour fraternel au Seuil, Cotton Point chez Denoël, et maintenant Paperboy à l'Olivier. Confusion qui s'ajoute à l'image fragmentée qu'on peut avoir de cet auteur qui semble aussi changer de genre et de région à chaque livre, nomadisme reflétant peut-être celui dans lequel il a grandi: son père était militaire, et Dexter l'a suivi de base en base. Il est né dans le Sud-Dakota, où se trouvent les Black Hills et la ville de Deadwood, sujet de son seul roman «historique» éponyme. Il a grandi à Milledgeville, au fin fond de la Géorgie, où tout gamin il a été témoin de ce qui sert de trame à Paris Trout (Cotton Point), son moins bon roman, même s'il lui a valu l'American Book Award en 1988. Il a travaillé comme reporter au Sun Sentinel de Ft. Lauderdale, couvrant tout Broward County, comme plus tard son Paperboy Ward James le fera pour «Moat County», comté d'invention censé représenter tout ce qu'il peut se faire de plus attardé et obscurantiste en Floride, au nord de Charles Willeford et au sud de Harry Crews. Dexter a longtemps tenu une chronique au Daily News de Philadelphie, jusqu'à ce qu'un article lui vaille de se faire passer à tabac dans un bar de Devil's Pocket, encl