Menu
Libération
Critique

Voir Naples et mourir

Article réservé aux abonnés
Par Maria Antonietta Macciocchi, l’histoire d’«Eleonora», adepte des Lumières, noble d’origine portugaise qui vint fonder à Naples le premier journal politique et à qui ses convictions valurent la corde
publié le 28 décembre 1995 à 10h56

Stendhal, de passage à Naples en 1817, évoque l’histoire de la République parthénopéenne et sa répression par les Bourbons de retour en 1799: «La prudence m’empêche de donner des détails qui feraient pâlir Suétone. Naples perdit par la main du bourreau presque tous ses hommes distingués (...) On eût un plaisir particulier à faire pendre Eleonora Fonseca, femme remarquable par le génie et la beauté: elle avait rédigé le Moniteur républicain, le premier journal qui ait jamais paru à Naples» (1).

C'est à ce dernier texte, réédité par Benedetto Croce en 1943, que Maria Antonietta Macciocchi, adolescente inquiète, dut son premier contact avec Eleonora. Elle devait la retrouver à Naples lorsqu'elle fit campagne dans les rangs communistes pour la République et mesura la puissance de réaction de cette plèbe napolitaine qu'avait jadis affrontée Eleonora. Elle se promit alors d'écrire un jour sa vie, projet sans cesse retardé par la carrière universitaire et politique que l'on sait. De longues recherches furent nécessaires pour retrouver les traces d'Eleonora, effacées par ses ennemis, oubliées par ses amis, femmes comprises, mais heureusement conservées par des administrations sourcilleuses. A Naples, à Paris. M.A. Macciocchi a trouvé des trésors, tandis que les palais de Naples, ses ruelles et ses places livrent l'archéologie d'une existence. Même la mémoire populaire garde le souvenir des tragiques événements de l'été 1799.

Eleonora était née à Rome en 1752, d'une noble famille po