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Libération
Critique

Islam de fond

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Dépourvus d'un projet de société et d'une alternative démocratique, les mouvements fondamentalistes ont néammoins réussi à monopoliser le débat sur l'islam. Deux synthèses étayées, l'une, générale, par Olivier Roy, l'autre sur les islamistes algériens par Séverine Labat .
publié le 4 janvier 1996 à 0h21

L'émergence de l'islamisme a donné lieu en France à une formidable activité éditoriale: essais, études, dossiers, etc., de facture souvent assez inégale, se suivent et tentent de faire le point sur ce que certains appellent l'intégrisme, d'autres le fondamentalisme ou le radicalisme islamiste; les travaux de Séverine Labat et d'Olivier Roy sur la question comptent parmi les plus pertinents. Dans le prolongement de l'Echec de l'Islam politique paru en 1992, Olivier Roy, chercheur au CNRS, spécialiste de l'Asie centrale, de l'Afghanistan et de l'Iran, publie aujourd'hui un essai d'analyse et de synthèse sur les différents mouvements islamistes, leur genèse historique, leur idéologie, l'onde de choc qu'ils ont suscitée dans le monde arabe, ainsi que leur impact présumé au sein de la communauté musulmane de France. Ce travail prend le contre-pied des thèses alarmistes, promptes à agiter l'épouvantail islamiste. S'ils sont l'expression d'un désenchantement social et culturel, les mouvements islamistes ne sont en revanche porteurs d'aucun projet de société, nous dit en substance Olivier Roy; leur éclosion dans des sociétés en faillite et incapables d'une relève démocratique, ressortit à leurs fonctions tribunitienne et piétiste; il n'empêche que l'un des rares exploits, non négligeable, qu'ils aient enregistré, est celui d'avoir monopolisé le débat sur l'Islam, en marginalisant aussi bien le discours laïc que le discours religieux traditionaliste. «Le débat tourne aujourd'hu