Vers la fin des années 50 apparaît dans les pages du journal Tintin
une héroïne satisfaisant par-delà tout espoir aux codes de décence alors infligés aux publications destinées à la jeunesse de France et de Belgique. Imaginez une vieille fille à chignon et lunettes, armée d'un parapluie et flanquée d'un matou farceur, promue détective-amateur au sein d'une communauté villageoise bon enfant. Prudence Petitpas est née. L'auteur de ses jours, Maurice Maréchal, professeur de lettres à l'université de Liège, est un peintre du dimanche. Il a la chance d'avoir pour voisin et mentor le talentueux Raymond Macherot, lui-même sur le point d'ajouter à sa galerie de turbulents héros à quatre pattes, Chlorophylle et Minimum, le truculent Colonel Clifton. Prudence Petitpas aura d'abord comme scénariste René Goscinny excusez du peu pour une série de gags en une planche dont Macherot fait les décors. Puis elle entame, en 1960, sa première enquête.
Grand lecteur de romans d'énigme, Maréchal imagine une histoire complexe, fertile en personnages secondaires et ayant pour cadre le village de Moucheron. Le libraire Flocon est la première victime d'un individu mystérieux qui va semer la terreur à travers le bourg, tandis que le garde champêtre Cyprien, associé à l'intrépide Mademoiselle Petitpas, tente de percer les ténèbres d'une intrigue un peu confuse. Le second épisode, le Secret des poissons rouges (1962), donne la vedette à Stanislas, le chat de Prudence. Le locataire patibulaire de la «c