Pour des millions d'Américains, Calvin et Hobbes n'appartiennent pas
à l'Histoire de la pensée européenne des XVIe et XVIIe siècle. Calvin est un petit garçon de 6 ans et Hobbes un tigre en peluche, qui prend vie dès que les adultes ont le dos tourné. Mais ces deux personnages, dont le dernier album vient de sortir en France, peuvent à leur tour entrer dans l'histoire: après dix ans d'activité, au sommet de leur gloire (2 400 journaux publient leurs conversations, et leurs albums se sont vendus à 23 millions d'exemplaires à travers le monde), ils ont pris leur retraite, aux Etats-Unis, le 31 décembre dernier, date de parution du dernier dessin livré par Bill Watterson, l'auteur de ces comic strips à succès. «Cette décision a été difficile», explique-t-il dans un bref courrier adressé aux journaux qui publiaient ses histoires quotidiennes quatre dessins en noir et blanc par jour et hebdomadaires six dessins en couleurs dans les volumineuses éditions dominicales des journaux américains. «Mais je crois avoir fait tout ce que je pouvais dans les limites imposées par les contraintes du quotidien et des petites surfaces.»
Cette lettre, la seule manifestation publique récente de Bill Watterson, marque la fin d'une extraordinaire réussite, qui avait démarré très vite en 1985, quand il avait envoyé ses dessins au syndicat de distribution Universal Press Syndicate: en seulement un an, deux cent cinquante journaux américains avaient adopté Calvin et Hobbes. Mais malgré le désir du