Toute l'oeuvre derridienne est traversée par une longue réflexion sur la psychanalyse. Depuis l'article de 1966 sur le Wunderblock (bloc magique), où l'appareil psychique était comparé à une machine d'écriture, en passant par la Carte postale, où Platon et Socrate étaient conviés à un banquet posthume sur l'Au-delà du principe de plaisir (la pulsion de mort), le philosophe n'a pas cessé d'interroger de façon décapante les textes freudiens (1). La démarche (ou déconstruction) consiste saisir un énoncé au plus vif de sa trame et d'en faire surgir les éléments signifiants les plus ambivalents, afin de lui faire dire ce qu'il refuse de dire ou ce qu'il ne dit pas. Au terme de cet exercice de virtuosité, le lecteur a l'impression de découvrir, derrière les apparences d'une rationalité trompeuse, une violence archaïque de la lettre qui «agit» le texte à son insu et qui, ainsi rendue à sa vérité première, lui donne une lisibilité nouvelle.
L'ouvrage publié aujourd'hui sous le titre Résistances de la psychanalyse réunit trois essais qui furent d'abord des conférences prononcées à l'occasion de trois colloques, entre 1991 et 1992. Il se présente comme une réflexion mélancolique sur la disparition de la psychanalyse dans un monde hanté par l'efficacité économique, auquel s'ajoute un hommage à deux grands interprètes de la pensée freudienne: Jacques Lacan et Michel Foucault.
Freud voyait dans la résistance un mécanisme par lequel un sujet s'oppose à ce qui lui vient de son inconscient. P