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Critique

Grand séminaire à Capri. Le retour de la religion signifie-t-il la mort de Dieu?

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Psychanalyse, religion, concept de mort, rien n'échappe à la pensée de Jacques Derrida, qui sait à l'occasion se montrer démiurge. (4/4) Gadamer, Derrida et quelques autres en discutent autour d'une table, entre amis.
publié le 1er février 1996 à 1h54

Hegel écrivait que le sentiment fondamental de son époque

s'exprimait dans la sentence "Dieu est mort. Mais "notre temps (...) est-il vraiment différent? Et ce phénomène, qu'on appelle à tort la renaissance de la religion (au sein des parlements, du terrorisme et des médias, plus encore que dans les églises, de plus en plus vides), est-il vraiment autre chose que "la mort de Dieu? Telle est la question que nous nous sommes posée, sans doute comme tout le monde aujourd'hui...» Les réponses ne seront pas celles de tout le monde: en invitant, outre Eugenio Trias, Vincenzo Vitello et Maurizio Ferraris, deux des philosophes italiens les plus connus, Gianni Vattimo et Aldo Gargani, le «patriarche de la pensée allemande» Hans-Georg Gadamer et Jacques Derrida, on ne courait guère le risque de voir le «retour du religieux» assimilé aux seules formes de l'intégrisme ou du fondamentalisme. C'était à Capri, le 28 février 1994: «un hôtel, une table autour de laquelle nous parlons entre amis...» Réélaborées, les discussions donneront cet ouvrage collectif, la Religion, qui paraît conjointement en France et en Italie.

Alors que celle de Gadamer, succincte, s'en tient à quelques considérations générales (dont une pique inattendue: «jusqu'ici ni Heidegger ni Derrida n'ont pu me convaincre que des étymologies puissent nous apprendre quoi que ce soit»), la contribution de Jacques Derrida est si dense qu'elle eût pu faire un volume à elle seule. Dans la «question de la religion» aujourd'hui, comm