Il y en a qui vont au marché pour remplir leur cabas, d'autres pour
y trouver de quoi mitonner un livre, voire une «anthropologie de l'échange marchand». Michèle de La Pradelle, ethnologue au Centre d'anthropologie des mondes contemporains à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, appartient à la dernière catégorie, et le résultat de ses courses, c'est les Vendredis de Carpentras. Le fait que Michèle de La Pradelle n'ait pas choisi comme sujet d'enquête le marché de son quartier parisien (ou celui de" Roubaix), prenant le train un nombre incalculable de fois (tout au long des années 80) pour être, à la belle comme à la mauvaise saison, sur le «terrain» dans son marché provençal d'élection, ne veut pas dire que le marché forain de Carpentras soit «unique». Il peut même fonctionner comme un exemple. Mais, rappelle Michèle de La Pradelle, «si l'on veut que le cas de Carpentras prenne sa valeur exemplaire, il faut qu'il soit décrit dans toute sa singularité. Tel est le paradoxe de la démarche anthropologique». C'est toute la différence avec l'approche des géographes, des économistes ou même des sociologues, à qui l'on doit pourtant une bonne partie de la littérature sur les activités marchandes contemporaines.
Carpentras n'est pas économiquement dépendante de son marché du vendredi, pourquoi alors lui accorde-t-on une telle importance dans la vie de la cité? Il ne fait pas de doute que les enjeux sont bien plus sérieux, par exemple, au marché-gare, ou que le marché aux tru