De la Bosnie au Rwanda, de Casamance au Chiapas, au Bengladesh, au
Liberia, à l'Irak; du Jihad islamique aux Khmers rouges, de l'ETA militaire au Hamas, au FIS, au Sentier Lumineux: «Telle est aujourd'hui la "terre que nous sommes censés habiter, et dont le nom de Sarajevo est devenu le nom martyre ("). Cette terre, c'est tout, sauf un partage d'humanité. C'est un monde qui n'arrive pas à faire monde, un monde en mal de monde et de sens du monde. C'est une énumération ("). C'est une liste interminable ("). C'est une litanie (")» Dans Etre singulier pluriel, Jean-Luc Nancy constate que «nous n'avons pas commencé à découvrir ce qu'il en est de l'être-à-plusieurs». Ce recueil d'articles parus ces dernières années dans diverses revues françaises ou étrangères réaffirme quelques thèmes qui partent de cette réalité, pour la mettre à l'épreuve d'une réflexion philosophique il s'agit de «refaire toute la "philosophie première (c'est-à-dire une ontologie) en lui donnant pour fondation le "singulier pluriel de l'être». C'est «la nécessité de notre histoire».
La publication de l'ouvrage voudrait au moins «faire sentir cette nécessité», qui s'appuie sur le fait que la philosophie, depuis Nietzsche au moins, «est en mal de sa "forme, c'est-à-dire de son "style, c'est-à-dire enfin de son adresse». A qui le discours philosophique s'adresse-t-il? Platon posait certes déjà la question, et les philosophes l'ont sans doute toujours posée, mais ils sont aujourd'hui en désespoir de réponse. Parc