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Libération
Critique

Le Stakhanov de la SF

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Auteur, entre autres, de cent romans et de cinq cents nouvelles, l’Américain et expert ès SF Robert Silverberg a été donné plusieurs fois comme parti à la retraite. Mais à peine le dit-on fini qu’il recommence.
publié le 29 février 1996 à 1h57

En 1973, dans son Encyclopédie de la science-fiction, Peter Nicholls présentait Robert Silverberg, sous son portrait photographique en gourou psychédélique, comme un «auteur américain présent à la retraite». En vérité, le prolifique Bob venait un peu prématurément d’annoncer qu’il se retirait de la SF après lui avoir fait de nombreux enfants, parmi lesquels plusieurs chefs-d’oeuvre comme les Monades urbaines ou l’Oreille interne, qui assurèrent en France, dans les années 70, la reconnaissance du genre. Mais l’aventure du plus phénoménal rejeton américain de Jules Verne ne faisait que marquer une pause avant de repartir de plus belle.

Né à New York en 1936, fils d’un modeste comptable de Brooklyn, Silverberg publie sa première nouvelle à 18 ans. «C’était encore l’âge d’or de la SF, dit-il aujourd’hui. Je me revois dans le bureau de J.W. Campbell, qui dirigeait la prestigieuse revue Astounding Stories. Il y avait là Murray Leinster, un auteur mythique que je regardais, pétrifié, en train de lire un de mes textes. Leinster me rendit le manuscrit avec ce commentaire: Il y a un truc qui cloche à la page 13. A cette époque, la SF obéissait à des codes précis que j’avais à coeur de respecter.» Quelque cent romans et cinq cents nouvelles plus tard, Silverberg reconnaît sa dette immense envers des maîtres comme Leinster, Lester Del Rey ou l’auteur de Demain les chiens, Clifford Simak. Mais si ses premiers romans, parus dès la fin des années 50 dans les rares collections de poche qui