Quand j'ai commencé mon travail, je n'avais aucune formation en
sociologie ni en anthropologie», a écrit William Foote Whyte dans la post-face à une énième édition de Street Corner Society, en 1955, et de rajouter, mi-sérieux mi-goguenard, que cela n'avait pas empêché ce livre sur la communauté italienne d'un quartier pauvre de Boston de devenir un «classique» des sciences sociales. Publié en 1943, l'ouvrage est disponible aujourd'hui en français, plus de cinquante ans après sa parution. En février 1937, au moment où il s'installe à North End, le Little Italy de Boston, William Foote Whyte a 23 ans, un diplôme et une bourse d'études de la prestigieuse et toute proche université de Harvard, et ne sait pas trop ce qu'il cherche. Il a lu quelques ouvrages de la fameuse école de Chicago qui vient d'inventer la sociologie urbaine, mais hésite entre le métier d'économiste et celui de journaliste. Mieux, il voudrait concilier la sécheresse de la science économique et le pathos de l'écriture. Bill Whyte rêve en somme de mener à bien une enquête que ne rejette pas l'université et un livre qui, faisant du bruit, soit lu par un public plus vaste.
insertion :
William Foote Whyte, STREET CORNER SOCIETY. LA STRUCTURE SOCIALE D'UN QUARTIER ITALO-AMERICAIN, préface de Henri Peretz, traduit de l'américain par S. Guth, J. Sevry, M. et J. Destrade, D. Vazeilles. La Découverte, «Textes à l'appui/Série sociologie», 400 pp., 185 F.
North End, le quartier où William Whyte vivra pendant trois ans d'a