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Libération

Hergé, renseignements généraux. Par Pierre Assouline, une biographie qui, sans passer sous silence les zones d'ombre de la vie du père de la ligne claire, est loin de rendre haïssable un personnage ambigu. Pierre Assouline: HERGÉ, Plon, 462 pp., 145 F.

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publié le 7 mars 1996 à 3h05

A sa mort, en 1983, Hergé avait fini par disparaître derrière

l'écran de fumée d'une légende qu'il avait contribué à établir .Mais Pierre Assouline a eu l'idée, nullement innocente, de s'intéresser à la vie de Georges Rémi, citoyen belge né à Bruxelles le 22 mai 1907 dans une famille sans histoires. L'auteur a suivi pas à pas l'épanouissement d'un jeune garçon à l'esprit vif, arraché à l'athéisme du milieu d'origine par le désir de donner un sens lumineux à son existence. Le jeune Rémi met toutefois au-dessus de tout la passion du dessin, et, tout naturellement, c'est dans une revue scoute qu'il crée ses premiers personnages. Graphiste avant d'être raconteur d'histoires, il assimile son art avec une aisance confondante. Il veut alors tâter de toutes les pratiques du dessin, l'illustration, l'affiche, cherchant l'épure du trait jusqu'à l'obsession, anticipant sur cette «ligne claire» dont on lui reconnaîtra la paternité. Sa rencontre, au sortir de l'adolescence, avec l'abbé Norbert Wallez, le réactionnaire directeur du XXe siècle, qui lui confie la rédaction et l'illustration du Petit Vingtième, supplément destiné à la jeunesse, est décisive. Georges s'engouffre dans la voie naturelle d'un stakhanovisme graphique d'où surgirent en 1929 Tintin et Milou, héros d'une série où se mêlent les influences harmonieusement digérées de Benjamin Rabier, Alain Saint-Ogan et Geo MacManus, le créateur américain de la Famille Illico. La rédaction du XXe siècle, où il croise un certain nombre