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Critique

Japon, papiers de soi.Dépassant le conflit entre tradition et modernité, la culture japonaise d'aujourd'hui tente de maintenir la différence entre ce qui lui appartient en propre et ce qui lui est étranger: une anthologie littéraire et intellectuelle de «Cent ans de pensée au Japon». Collectif, CENT ANS DE PENSÉE AU JAPON. Philippe Picquier, 2 tomes, 290pp. et 390pp., 135 et 160 F.

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publié le 14 mars 1996 à 2h47

Du XVIe au XIXe siècle, les voyageurs occidentaux rapportèrent des

îles japonaises l'un des plus puissants témoignages d'exotisme (1). Portraits romantiques vénérant les charmes d'une nature profuse et grandiose, récits «ethnologiques» soulignant un raffinement des arts et une esthétique de l'existence, observations savantes sur la technologie et les sciences nippones, considérations «sociologiques» sur la survivance active de coutumes millénaires couvrant tous les domaines de la vie, des moeurs privées à la culture politique... Ce monde des antipodes a subjugué les Portugais et les Hollandais, avant de susciter la convoitise impérialiste de l'Occident du XIXe siècle.

Depuis un siècle, ce Japon-là s'est profondément transformé. L'universalisme occidental - sa science et sa technologie mais aussi les principes démocratiques de sa politique et l'humanisme de ses valeurs morales - a contaminé le monde japonais qui s'est efforcé tant bien que mal de concilier l'impératif de la modernité et la défense de ses traditions. L'édition française, établie par Yves-Marie Allioux, de Cent ans de pensée au Japon, rassemble 26 textes d'auteurs, tous japonais, prenant acte de ce qui a précisément marqué les cent dernières années de leur pays sur le plan des idées. Leurs contributions répondent positivement à la série de questions ouvertes par Allioux en avant-propos: «Comment le Japon a-t-il pu, depuis qu'il s'est trouvé contraint de s'ouvrir à l'autre, penser cette ouverture, ne serait-ce q