La vie d'Edward Saint Aubyn n'a rien d'un conte de fées: rejeton
d'une famille de la haute aristocratie anglaise, il connaît, dès l'âge de 5 ans, les joies de l'inceste en se faisant violer par son père, début en fanfare d'une existence marquée, au détour de l'adolescence, par l'expérimentation effrénée de toutes sortes de drogues. Une amitié vénéneuse, une descente aux enfers assez traumatisante pour le persuader que devenir fossoyeur de sa propre tombe ne constitue pas une perspective des plus réjouissantes. Il a alors 28 ans et son salut se conjugue avec l'écriture d'une trilogie romanesque largement autobiographique, où Alain Saint Aubyn, à travers le personnage de Patrick Melrose, entreprend de régler ses comptes.
Mauvaise Nouvelle nous emmène à New York, dans un voyage où la mort et la drogue se sont donné rendez-vous pour jouer de concert un ballet terrifiant. New York où notre héros défoncé est venu recueillir les cendres de son père, contenues dans une simple urne qu'il entreprend de trimballer à travers toute la ville: «Au moment où il atteignait la 61e rue, il réalisa que, pour la première fois, il avait passé plus de dix minutes seul avec son père sans se faire enculer, frapper ou insulter.»
Commence alors une expédition avec un héros arpentant, hagard, les avenues de la Grosse Pomme, son urne sous le bras, à la recherche de drogues, d'héroïne, de qualup, de crack, n'importe quelle saloperie capable de le faire plonger la tête la première dans une irréalité totale,