C'est une légende qui est à l'origine de la fondation de la ville
égyptienne de Fustat: lors des premières conquêtes arabes, les troupes du commandant Amr Ibn al-As (compagnon du Prophète, mort en 663) menaçaient Alexandrie. Ce dernier s'apprêtait à lever le camp lorsqu'il s'aperçut qu'un pigeon avait pondu au faîte de sa tente. Y voyant un signe, il laissa la tente en place, y revint après la prise d'Alexandrie, et choisit pour concession personnelle ce site stratégique. Ainsi naquit Al Fustat, mot qui signifie en arabe «la tente» (1), ville mémoire nimbée de sacralité puisqu'elle est à l'origine de l'Egypte musulmane. De Fès au Maroc à Kruja en Albanie, on peut multiplier les exemples des villes rehaussées par la suite au rang de hauts lieux sacrés et redevables à la légende. Le collectif mené sous la direction de Mohammed Ali Moezzi, professeur à l'Ecole pratique des hautes études, en présente, dans Lieux d'Islam, un vaste panorama.
Ces lieux, sanctuaires, cénacles, grottes, etc., ont été répartis en trois catégories: lieux religieux et historiques, lieux culturels, lieux mystiques. Dans l'imaginaire des musulmans, La Mecque, Médine et Jérusalem sont les trois cités religieuses et historiques les plus sacrées. Expurgée par l'islam de son héritage païen, La Mecque est la ville sainte par excellence. Si La Mecque est la ville «anoblie», Makka al-Mukarrama, Médine, est la ville illuminée, Madina al Munawara, qui évoque pour les pèlerins l'expérience de l'exil et de la prédicat