Dissipons tout de suite le malentendu entretenu par l’éditeur: cette Porte du ciel n’est ni un roman, ni un machin épique élégiaque politico-historique à la Cimino. Le titre original est Hole in the Sky, trou dans le ciel, d’après un totem Tsimshian (c’est le mot) qui peut effectivement fonctionner comme porte du paradis, mais aussi, on le suppose, comme trappe faisant présumer la chute. C’est également une porte étroite, comme l’est le premier chapitre dont il faut s’extirper avant de pouvoir apprécier ce livre. Un chapitre bourratif et inutilement compliqué, qui heureusement ne fait que sept pages et qui s’intitule justement «Falling» (devenu «Eblouissement» par l’opération du Saint-Esprit dans la VF). Bill Kittredge est le dernier des écrivains de Missoula (Montana) à être publié en France, ce qui est curieux pour le manitou seconde génération qui a plus ou moins remplacé Richard Hugo comme figure tutélaire de ce marigot littéraire bien connu. Raymond Carver a, en son temps, écrit de belles choses sur Kittredge, sa prose et son point de vue: «singuliers et inoubliables.» Pendant longtemps, ses activités scolastiques et éthyliques l’ont confiné aux oeuvres de courte haleine: deux recueils de nouvelles, un autre, magnifique, d’essais sur l’Ouest (déjà sur la Warner Valley et les péchés capitaux de l’auteur), Owning it all. On lui doit aussi une grosse anthologie d’écrits sur le Montana, The Last Best Place (avec sa compagne Annick Smith). Mais comme tous ces gens-là, Kittr
Critique
William Kittredge Le manitou du Montana
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par Philippe Garnier
publié le 23 mai 1996 à 5h17
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