Que la pensée de Max Weber (1864-1920) éclaire de manière décisive
la société de son temps, la naissance de la sociologie, et, par-delà l'origine du capitalisme, l'histoire de la civilisation occidentale, personne ne peut le nier. Mais en est-il de même pour nos sociétés contemporaines? Pierre Bouretz en est convaincu, qui a consacré à l'oeuvre du grand penseur allemand une imposante thèse, scrupuleuse et passionnée, les Promesses du monde, Philosophie de Max Weber, aujourd'hui publiée. Cette modernité de Max Weber, Pierre Bouretz la met sur le compte de son extraordinaire capacité d'anticipation, doublée d'une conscience malheureuse face à ses propres découvertes. Plus fondamentalement, l'actualité de Weber est à rechercher dans le thème du désenchantement du monde, qui traverse et organise tout son oeuvre, et que, selon Pierre Bouretz, le XXe siècle a confirmé au-delà de toute prévision: «A mesure que s'étendent la connaissance empirique du monde et la rationalisation des conduites en son sein, la croyance en une finalité éthique régissant le sens de l'existence s'estompe.» Faut-il inscrire alors l'entreprise weberienne, au moins pour partie, dans le sillage de Nietzsche? Et si oui, comment peut-on partager l'analyse des paradoxes de la rationalisation occidentale et échapper au nihilisme qui guette cette même analyse? C'est tout l'enjeu de la reconstruction par Pierre Bouretz de la philosophie de Max Weber, telle qu'elle se dégage de ses travaux fondamentaux sur l'économi