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Libération
Critique

Motel apache. La balade de trois Indiens d'une réserve pauvre de l'Arizona dans l'Amérique de Clinton.

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De la kermesse des rodéos jusqu'au meurtre.
publié le 11 juillet 1996 à 8h22

Plus belle danseuse de pow wow il n'y avait pas dans les réserves du

nord du Nouveau-Mexique, et même d'Arizona. Dès les premiers battements de tambour, Bernadette Lefthand devenait, dans sa robe de daim blanc ­ que son père avait chassé pour elle ­ et dans ses mocassins perlés de bleu, la reine des soirées de tombola ou de rodéo. Elle habitait une caravane, derrière le bar de la rue principale, avec son mari Anderson, un ouvrier de raffinerie, et son bébé Anthony. Elle était femme de ménage dans la villa de Rounder et Starr Stubbs, les seuls Blancs dans les environs de la réserve. Son employeuse disait d'elle: «Elle était l'un des êtres les plus beaux que j'aie jamais connus. Elle avait les cheveux et les yeux plus brillants qu'il m'ait été donné de voir. A côté de cela, Bernadette était, je crois, douloureusement timide. Mais les Indiens sont peut-être toujours comme ça avec les Blancs, je n'ai jamais pu en être certaine.»

Bernadette se vivait Apache, bien que ce fût plus compliqué que cela, comme l'explique Gracie, sa petite soeur: «Notre mère appartenait à la tribu des Apaches Jicarillas, ce qui explique pourquoi nous habitons Dulce. Papa, il est surtout pueblo. C'est pour ça que Bernadette se souciait pas trop de ce qu'Anderson était un Navajo de là-bas, du côté de Chinle. Notre papa l'avait à peu près convaincue que ce qui pouvait arriver de pire à une jeune Indienne, c'était d'épouser un garçon blanc, même un "Noir blanc. Il disait toujours que si votre tribu était trop