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Interview

L'été en polar. La reine américaine en son jardin anglais Si Elizabeth George est californienne, ses polars hyperréalistes se nouent dans les brumes britanniques. Interview décalée.

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En attendant le retour du cahier livres le 29 août, «Libération» propose une plongée estivale dans la planète polar. Entretiens, portraits, reportages, en France et à l'étranger: chaque jeudi, histoires noires sur pages blanches. Aujourd'hui, rencontre avec deux nouvelles stars féminines du genre, Elizabeth George, une Américaine qui n'a pas hésité à choisir l'Angleterre pour décor de ses livres, et Minette Walters, Anglaise authentique, amatrice d'intrigues hachées menu.
publié le 18 juillet 1996 à 8h55

Tous ses romans ont pour cadre une Angleterre plus vraie que nature qu'elle analyse avec une ironie cruelle toute britannique. Les personnages qu'elle met en scène sont aussi british que lord Peter Whimsy, le limier imaginé par Dorothy Sayers, d'ailleurs l'un de ses anges noirs tutélaires. Son écriture est soeur de celle de P.D. James et de Ruth Rendell ­qui la détestent cordialement. Pourtant, Elizabeth George est américaine. C'est dans sa grande villa d'Huntington Beach, au sud de Los Angeles, le décor où elle vit toujours, à 40 ans passés, riche, célèbre mais restée simple, que Miss George a écrit en 1988 son premier roman anglais, Enquête dans le brouillard. Il a été suivi de six autres, dont les plus réussis sont Une douce vengeance, Cérémonies barbares, le Lieu du crime et Un goût de cendres. Ses héros sont l'inspecteur Thomas Lynley, un aristocrate brillant et séduisant, mais longtemps empêtré dans des histoires de coeur avec son amie d'enfance, et le sergent Havers, une fille du peuple plutôt moche et mal dans sa peau.

On les retrouvera en septembre dans le dernier roman d'Elizabeth George, le Visage de l'ennemi, dont même les critiques anglais s'accordent à reconnaître les qualités. Dans ce livre encore plus touffu, documenté et tortueux que les précédents, la romancière prend prétexte d'une affaire de kidnapping pour brosser un tableau saisissant du Londres politique et médiatique, prouvant une nouvelle fois qu'elle est la reine incontestée du crime hyperréaliste.

D'où vient votre anglophilie?

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