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Libération
Critique

Chat c'est Paris! Le cabaret montmartrois du «Chat Noir» fut, pour les artistes de la fin du siècle dernier, le bouillon de culture de la modernité. Une histoire et une anthologie. MAURICE DONNAY. Autour du Chat Noir. Grasset, «Les Cahiers Rouges», 198 pp., 49 F. André Velter (présentation et choix ). Les Poètes du Chat Noir. Poésie/Gallimard, 502 pp., 61F.

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publié le 5 septembre 1996 à 22h44

Le Chat Noir! Oh! je n'ai pas la prétention de traiter en quelques

pages un sujet aussi vaste, à quoi un gros volume serait nécessaire», écrit Maurice Donnay dans son livre de souvenirs qui reparaît aujourd'hui chez Grasset. Soixante-dix ans plus tard, le livre définitif sur Le Chat Noir reste toujours à écrire. Il raconterait par le menu le destin de ce cabaret montmartrois fondé par Rodolphe Salis. Des expositions récentes à Orsay, Carnavalet et au musée de Montmartre, la biographie d'Alphonse Allais par François Caradec, celle de Charles Cros par Louis Forestier, les travaux de Noël Richard, Daniel Grojnowski et Michaël Pakenham ont souligné l'importance du Chat Noir, véritable bouillon de culture de la modernité. Sur fond de «fumisme», de blagues et de provocations, Le Chat Noir inventa Montmartre et, pour une bonne part, la littérature moderne. Il fit s'esclaffer Paris de ses nombreux canulars signés Allais, Goudeau, Jouy, et l'illustre Sapeck. Car le Chat Noir fut le rendez-vous des écrivains et artistes qui comptent dans cette étonnante fin de siècle. Ils avaient pour nom Verlaine, Mallarmé, Richepin, Cros, Rollinat, Haraucourt, Ponchon... André Velter leur consacre aujourd'hui une anthologie chez Gallimard.

Un chat noir dans un croissant de lune, c'est sous cette enseigne dessinée par Willette qu'au 84, boulevard Rochechouart, le cabaret ouvre ses portes en novembre 1881. Peintre, créateur de l'«école vibrante» (il était spécialisé dans les chemins de croix), Rodolph