Menu
Libération
Critique

Mais que fait la police? Juan Jose Saer mène une enquête pleine de manuscrits et de tueurs en série, où la police est surtout de caractère. JUAN JOSE SAER. L'Enquête.Traduit de l'espagnol par Philippe Bataillon. Seuil, 174 pp., 120 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 5 septembre 1996 à 22h54

L'Enquête de l'écrivain argentin Juan José Saer est comme son titre

le suggère: un roman policier. Un policier dont la particularité est de tourner autour de deux affaires: l'une criminelle, l'autre littéraire, et qui au bout du compte n'en feront qu'une. Elles mettent en scène les personnages ordinaires des romans de Saer: Pigeon, l'un des jumeaux Garay, et Tomatis, l'écrivain et journaliste, cynique et histrionesque. Deux figures antithétiques, presque des hétéronymes, au travers desquelles Saer se dédouble dans des romans qui s'offrent comme des investigations narratives.

Pigeon vient de rentrer à Santa Fé après un long séjour parisien. A peine arrivé, au cours d'un dîner qu'il partage avec ses amis venus l'accueillir à la gare routière, il va monopoliser la conversation avec le récit du fait divers qui vient de terroriser toute la France: la longue enquête suivie de l'arrestation du tueur en série qui a pris pour cible les petites vieilles du XIe arrondissement de Paris. Pour ne pas être en reste, Tomatis et Soldi lui révéleront à leur tour le mystère local lié à la découverte, dans une malle de papiers appartenant au poète Washington Noriega, récemment disparu, du tapuscrit d'un roman anonyme: Sous les tentes grecques. Découverte pour le moins confondante et quasiment criminelle lorsqu'on connaît le dédain de ce poète pour le roman. «Tout plutôt que cela», a dit alors Tomatis.

Lecteur impénitent de romans policiers, Juan José Saer remplit plus que son contrat. L'Enquête e