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Libération
Critique

Déroute à Beyrouth. Les tribulations tragi-comiques d'un jeune homme donquichotesque pendant la guerre du Liban. Ghassan Fawaz. Les moi volatils des guerres perdues. Seuil, 444 pp., 130 F.

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publié le 19 septembre 1996 à 10h49

Farés n'a pas été gâté par la vie, né d'une mère «faiseuse de pain»

et de père inconnu, il garde une haine tenace: «des centaines de milliers, des millions je dirais qu'ils sont devenus les comme moi, qu'ont pas tous pu prendre le bateau de l'émigration, qu'ont aucune raison d'être fiers de la filiation, qu'ont forcément envie de jouer aux moralisateurs comme tous les perdants avant d'être voleurs». Le petit village du sud-Liban où il a grandi vit dans la crainte d'une attaque israélienne. Enseignant, sa passion est la politique. A la suite d'une attaque contre une position israélienne, à laquelle il n'a pourtant pas pris part, il est promu permanent du parti communiste libanais et chargé de mission auprès des Palestiniens. Il rejoint Beyrouth en laissant sa femme au village. Plus tard, il apprend qu'elle est morte enceinte, lors d'un bombardement.

Reçu avec faste par le parti, il s'initie aux secrets de la ville, avec ses intrigues, ses beuveries, ses femmes, ses trafics, son chaos enchanteur. L'état de grâce ne sera toutefois que de courte durée. Exclu du parti, ignoré des Palestiniens, il s'enfonce, en compagnie de Hassan le sniper, dans la ville bientôt transformée en amas de ruines par les bombardements israéliens et par le tir conjugué des milices de tout poil. «Moi, Beyrouth c'est ma Palestine! je suis tout seul son peuple, toutes tendances confondues; c'est ma petite guerre à moi" tu comprends, dira-t-il à Hassan, c'est comme ça seulement qu'elle peut continuer à vivr