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Libération
Critique

Ils y ont perdu leur chinois. Un survol de la galaxie maoïste française par un journaliste-comédien qui avait 10 ans en Mai 68. CHRISTOPHE BOURSEILLER.Les Maoïstes. La Folle Histoire des gardes rouges français.Plon, 346 pp., 139 F.

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publié le 19 septembre 1996 à 10h50

Les talents ne manquent pas à Christophe Bourseiller, comédien,

écrivain et journaliste, «éternellement fasciné par la marge, l'opposition, la minorité, l'extrême», habité de surcroît par une honnête volonté de savoir, lui qui avait 10 ans en Mai 1968. Les personnes, les dates, les lieux, rien ne manque dans les Maoïstes. La Folle Histoire des gardes rouges français, et tout est, généralement, à sa place. Ainsi, le maoïsme en France démarre en 1963, au moment de la rupture entre l'URSS de Khrouchtchev et la Chine de Mao. Au début, il ne s'agit que de quelques membres du PCF (militants des amitiés franco-chinoises) en désaccord avec la direction rangée du côté de Moscou. Ils cherchent à se faire reconnaître par Pékin. Le régime chinois n'ayant pas encore été reconnu par de Gaulle, l'ambassade la plus proche est celle de Berne: c'est là que se rendent les dissidents pour demander leur propre reconnaissance. Comme le précise Christophe bourseiller, ces pro-chinois n'aiment pas du tout qu'on les appelle maoïstes, mais marxistes-léninistes, l'essentiel étant de retrouver la ligne révolutionnaire qu'auraient quittée les «révisionnistes» du PCF.

Autres couveuses de prochinois: l'UEC (Union des étudiants communistes), les groupes d'étudiants de gauche de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, ou encore la librairie Maspéro. Tout différencie ces derniers pro-chinois des premiers, l'origine sociale (le plus souvent aisée), l'âge (ils sont jeunes), la culture (bardés de diplômes ou