Au cours des années 50, la science-fiction française, stimulée par
des collections prestigieu- ses comme «le Rayon fantastique» ou «Présence du futur», permit l'apparition de talents capables de tenir vaillamment tête à la production anglo-saxonne. Plus exigeants que leurs confrères voués aux fortes cadences de la série d'«Anticipation» du Fleuve Noir Richard Bessière, B.R. Bruss, Maurice Limat , certains auteurs rivalisaient d'invention, tels Stefan Wul (Niourk, l'Orphelin de Perfide) ou Francis Carsac, mort en 1981 et dont l'oeuvre vient d'être intégralement rééditée (2 volumes aux Ed. Claude Lefrancq). C'est d'ailleurs Carsac, dont les amateurs éclairés connaissent bien les Robinsons du cosmos ou la Vermine du lion , qui sert de référence et d'ange tutélaire à l'anthologie Genèses que présente le jeune romancier Ayerdhal sous la houlette de Jacques Sadoul, éminent pro- moteur du genre en France. Genèses rassemble des textes, souvent copieux, d'auteurs francophones, car si la plupart sont français, d'autres vivent au Canada ou près des Tropiques. Mais tous sont nés entre 1947 et 1967 et, comme le rappelle Ayerdhal dans une préface-manifeste, ont en commun d'exercer dans un genre «qui vient juste après la sociologie dans la hiérarchie des potentialités subversives.» Et d'ajouter que «la science-fiction n'est ni plus ni moins que le seul mode d'expression d'intention et de réflexion prospectives dans un champ d'exploitation illimité.» De la dizaine de textes qui sont ains