Francis Haskell, l'historien d'art d'Oxford, s'est intéressé aux
circonstances dans lesquelles les oeuvres d'art sont redécouvertes, réévaluées, dans lesquelles elles «renaissent», en quelque sorte. Parmi les questions fondamentales abordées dans l'Historien et les images, il y a celle du style, dont l'auteur examine «la portée historique» à partir des pages que Ruskin consacre, dans ses Pierres de Venise, au «déclin» de la cité des doges. «A l'évidence, écrit l'historien, les changements généraux du style et des conventions doivent en général plus à l'air du temps qu'aux choix individuels.» Le vague de cet «air du temps» se trouve fort heureusement éclairci par la longue analyse qu'il consacre ensuite à l'historien de la Re- naissance Jacob Burckhardt, pour qui «l'Art n'est pas la mesure de l'Histoire; son essor ou son déclin ne constituent pas une preuve absolue pour ou contre telle période ou telle nationalité».
Chez Jules Michelet, Haskell saisit en revanche un processus sensiblement différent: l'historien français pensait pouvoir «visualiser et interpréter directement les sociétés du passé dans leur vraie structure, les différentes nationalités avec des caractéristiques qui les définissent, et cela par la contemplation imaginative des arts que ces sociétés, ces nations, avaient laissés derrière elles». L'oeuvre d'art devient «fait historique», comme le note Michelet dans son Histoire de France.
Mais c'est peut-être dans le chapitre consacré à l'historien hollandais Johan H