L'Etat, les entreprises et la presse ont largement recours aux
statistiques et à la théorie des probabilités pour informer la société sur son avenir et ses tendances idéologiques, démographiques, économiques... Dans les Chemins de l'aléatoire, Didier Dacunha-Castelle, agrégé de mathématiques, fait le point sur les apports et les limites de l'usage de cette «technologie mathématique» à des fins de «prévision» et de «contrôle» de la vie sociale. Les statistiques et les probabilités ont des applications indéfiniment étendues: «Assurances, diagnostic médical, définition du risque nucléaire, produits financiers virtuels, sondages, prévisions météorologiques ou économiques, fiabilité des installations industrielles...» L'information statistique prétend maîtriser toute forme de risque. «La médecine est le royaume du raisonnement en univers incertain, la Bourse et l'assurance ont fait du risque une marchandise», et l'écologie a fait de la catastrophe une donnée mesurable. En bref, la technologie probabiliste se définirait comme une «science du hasard», au service d'une société qui croit pouvoir écarter une part grandissante des dangers que l'avenir semblait recéler. «Les probabilités et les statistiques sont là pour tenter d'expliquer le passé et de prévoir l'avenir.» Didier Dacunha-Castelle insiste sur le fait que cette «conquête» savante, l'«incertitude» et le «hasard», est tributaire d'une histoire culturelle. Sondages, rapports de l'Insee, enquêtes de l'Ined (Institut national d