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Libération
Critique

Lhermite sort du trou. Oublié, inclassable, et de son vrai nom Dupuis, il écrivit en 1861 un conte entre colin-maillard et philosophie. ALBERT LHERMITE. Un sceptique s'il vous plaît. Edition présentée et établie par Julia Prybos. José Corti, 166 pp., 100 F.

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publié le 3 octobre 1996 à 23h35

On connaît, depuis Joseph-Marie Quérard et Charles Monselet, le

charme des «oubliés et des dédaignés»: écrivains naufragés de la vie littéraire devenus «drouille» pour bouquinistes. Souvent délaissés parce que marginaux, ils constituent une académie invisible d'écrivains irréguliers qui font la joie des bibliomanes. A chaque fois qu'ils resurgissent, c'est pour amender une histoire littéraire qui n'en paraît qu'un peu plus naïve et s'imposer comme des précurseurs. Un sceptique s'il vous plaît d'Albert Lhermite appartient à ce purgatoire des livres hors normes, d'où Julia Przybos, enseignante à New York, l'a extrait pour lui donner, en quelque sorte, une seconde chance.

L'oubli où ces écrivains sont tombés conduit inévitablement à de véritables aventures bibliographiques. Celle qui a mis Julia Przybos sur les traces d'Albert Lhermite est assez exemplaire. Totalement inconnu des biographies et des bibliographies, Albert Lhermite va résister longtemps aux recherches. Auteur fantôme, il semble même être le fruit d'une de ces supercheries littéraires dont le XIXe a abusé. Ce sera à la dernière minute, au moment même où le livre est prêt à être réédité chez Corti, qu'Albert Lhermite va sortir enfin de sa coquille. Celui que Julia Przybos avait surnommé ironiquement et par dépit: «Dupont» se nomme en réalité: Dupuis. Comme dans la Lettre volée, c'est au détour d'une bibliographie consultée mille fois que Julia Przybos le découvre. Albert Dupuis est né à Arras le 2 mars 1817 (il meurt