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Libération
Critique

New York, l'or du crime.

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De «la Religion des ratés» à «Trinités», en passant par une biographie du crooner Dean Martin, Nick Toshes est un obsédé des mafias et triades qui rongent la Grosse Pomme à coups de dollars et d'héroïne. Rencontre avec un Américain italo-albanais, amateur de Dante et mateur de l'enfer.
publié le 17 octobre 1996 à 0h39

I believe in perspective», dit quelque part un personnage de Trinités, deuxième roman de Nick Tosches, qui paraît ce mois-ci chez Gallimard. Pour remonter la trajectoire de Tosches, et surtout l'expli- quer, un peu de perspective ne serait pas de trop. Il s'est fait un nom il y a longtemps en écrivant des livres légendaires sur la musique américaine et des articles mémorables dans Creem et Rolling Stone. Ses deux livres les plus connus, Hellfire et Dino, traitent de Lewis et Martin, mais c'est de Jerry Lee Lewis qu'il s'agit; du Killer, pas du singe. De «Great Balls of Fire», pas du Zinzin d'Hollywood. Entre ces deux figures, un personnage indestructible qui s'est construit son propre enfer sur terre, et un autre, Dean Martin, crooner plus mystérieux encore qui a eu du succès en tout sans jamais vraiment essayer. On peut cerner la partie du show-business américain qui intéresse Tosches: d'un côté, le mal et la folie, de l'autre, les histoires de pognon et corruption. Toute sa vie, Tosches a été un «mafia-watcher», sans même y penser puisqu'il a grandi dedans ou à sa périphérie, un triangle compris entre Newark, Jersey City et cette partie de Manhattan où nous nous trouvons et qu'il appelle curieusement uptown. Rien qu'à déambuler dans ces quartiers avec lui, on sent que c'est son fief. A l'approche du restaurant Da Silvano où il prend presque quotidiennement ses repas, on n'entend pas moins de six ou sept «hey, Nick», «Nick, what's up?», jusqu'au vendeur de journaux qui le s