Le séminaire organisé par Françoise Héritier dans le cadre de son enseignement au Collège de France était consacré en 1995 au «thème de la violence». Un sujet que l'anthropologue sait trop vaste pour avoir été épuisé ici, et qu'elle a donc l'intention de continuer d'explorer «sur plusieurs années sous différents angles». Les exposés rassemblés dans ce premier recueil se répartissent d'ores et déjà en quatre «approches» essentielles: la première est philosophique, avec les contributions d'Etienne Balibar et de Daniel Defert; la seconde est «historico et juridico-religieuse», avec les apports de Baber Johansen (directeur d'études à l'EHESS) et de Bernhard Lang (historien des religions, professeur d'université en Allemagne); suivent des études «des pratiques contemporaines de violence et d'extrême cruauté» où Daniel Pécaut (sociologue à l'EHESS) dirige le projecteur sur la Colombie, Véronique Nahoum-Grappe (anthropologue à l'EHESS) sur l'épuration ethnique en ex-Yougoslavie, et Claudine Vidal (sociologue au CNRS) sur le génocide rwandais.
La violence est un sujet sur lequel les philosophes ont presque constamment disserté. Mais notre siècle marqué par les holocaustes et autres génocides, traumatisé par les exclusions racistes et les oppressions intégristes, a lui-même engendré une conscience intellectuelle dont la sensibilité à la violence a été renouvelée. Tous les philosophes qui ont compté dans cette deuxième moitié du siècle pourraient se laisser lire sous ce rapport parti