Quand Jim Harrison parle, Rick Bass écoute. De passage en Provence, il ne manque pas une occasion de s'attabler avec l'auteur du Michigan: il était géologue quand la lecture de Légendes d'automne a fait de lui un écrivain. Mais c'est l'automne, justement. La mine et la chemise froissées par un voyage interminable, Bass ne tient pas à s'attarder en France. Après un week-end de Fête du livre en Aix, il repart fissa au fin fond du Montana, chasser le faisan dans sa vallée de Yaak. Cette semaine, c'est l'ouverture, les premiers feux d'une longue saison qu'il passera dans les forêts écrasées de neige à la lisière du Canada. «Je me suis toujours senti mieux dans les forêts que nulle part ailleurs, dit-il. Enfant, dans la banlieue de Houston, j'en faisais mon refuge, elles me semblaient plus sûres, prévisibles, compréhensibles que n'importe quoi d'autre. Avec Harrison, plutôt que de grands espaces, nous aimons parler d'une littérature des "fourrés...» En quatre livres, publiés en France cette année, Rick Bass, exalté, drôle ou poétique, exprime au mieux cette relation fusionnelle avec la nature. Quand il en parle, c'est une autre affaire. «J'ai mis longtemps à trouver une façon de communiquer ces émotions.» Dans «le Marigot», une de ses dernières nouvelles, un enfant qui descend au fond des bois et saupoudre de fleurs blanches l'eau boueuse du lac Caché est pris en chasse et violenté par des gamins de son âge, «charognards de l'âme». L'enfant, c'est lui.
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