A mon avis, le mouvement Croix de Feu a simplement rendu service aux
Français, en leur redonnant le goût d'une mystique nationale, en les dé- tournant du fascisme, de l'hitlérisme et du bolchevisme qui écrasent l'individu sous une sorte de religion de l'Etat.» Tenus en mai 1936, ces propos du colonel de La Rocque rendent assez bien compte des conclusions auxquelles parvient le très long essai que Jacques Nobécourt, ancien journaliste au Monde, consacre au dirigeant des Croix de Feu. En soixante-cinq chapitres assez denses et toujours très informés, l'auteur s'est en effet engagé dans une vaste entreprise de réhabilitation du colonel de La Rocque, reposant sur deux idées principales: l'absurdité de l'étiquette de «fasciste» qui, d'emblée, lui colla à la peau, et le caractère «respectable» d'un projet politique et social fondé sur le «nationalisme chrétien».
Sur le premier point, il faut avec Nobécourt rendre justice à La Rocque qui, de toute évidence, ne fut jamais un «fasciste». Tant au sein des Croix de Feu, association d'anciens médaillés de la Grande Guerre qu'il rejoignit en 1929, qu'à la tête du Parti social français qu'il constitue après la dissolution des ligues en 1936, François de La Rocque ne versa jamais dans la provocation ou dans la sédition. Républicain, légaliste, il dispersa ses troupes avant l'émeute le 6 février 1934, refusa toujours le «chahut» ou l'activisme subversif, récusa officiellement l'antisémitisme et la xénophobie haineuse, et ne professa aucune ad