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Libération
Critique

Des «Mille et Une Nuits» à l'Algérie, les représentations entre fantasme et réalité de la femme dans le monde musulman. La femme d'Alger. Des poètes d'amour classiques aux chanteurs de raï , l'image de la femme algérienne est une affaire d'hommes. Un miroir tendu par Rachida titah. RACHIDA TITAH. La Galère des absentes. La femme algérienne dans l'imaginaire masculin. L'Aube, 164 pp., 110 F.

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publié le 31 octobre 1996 à 23h46

Arabe ou français, le regard porté sur la femme algérienne a

produit, au cours des derniers siècles, des représentations différentes mais toujours fantasmatiques. C'est à cette étrange irréalité de la condition féminine que Rachida Titah consacre un livre éclairant, au sens où il est habité par la clarté comme un tableau peut l'être par la lumière. D'ailleurs, le deuxième volet de l'ouvrage est consacré à l'étude de la représentation de la femme algérienne par les peintres orientalistes, tandis que la première partie étudie l'image féminine véhiculée par un genre littéraire classique telle la poésie chantée, et la troisième évoque l'époque contemporaine, où un genre musical, en l'occurrence le raï, semble marquer une évolution décisive de l'imaginaire féminin. Le propos de cette enseignante née en 1939 à Alger et y vivant après des études en France, membre d'Amnesty International, est par trop modeste: selon elle, son travail ne serait pas scientifique, bien qu'il soit au fait de toutes les recherches dans le domaine. Mais il ne relève pas non plus, concède-t-elle, de la pure fiction. C'est plutôt «un témoignage fondé sur les souvenirs, intuitions ou réflexions propres à l'auteur qui a pu parfois les corroborer par des citations et référents historiques.» Or, depuis montaigne, ce genre d'exercice, on le nomme essai, et celui de Rachida Titah en est un, un vrai.

Dans la société traditionnelle algérienne, «l'ordre social auquel doivent se conformer les deux mondes, le masculin e