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Libération

Rocambole au Kremlin.

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John Reed a vécu Octobre 1917 et obtenu de Lénine une préface , avant d'être arrêté pour trafic de diamants et de mourir du typhus à 33 ans.
publié le 31 octobre 1996 à 22h58

John Reed a-t-il été aveuglé par la propagande bolchevique à la fin de sa vie, comme l'ont affirmé et cru les autorités américaines et la plupart de ses relations new-yorkaises? Ceux qui se sont penchés sur le personnage répondent que non, et la meilleure preuve en est son livre, Dix jours qui ébranlèrent le monde. Au retour de son expédition balkanique (fin 1915), John Reed est obsédé «par la monstrueuse machine de mort» dont il a foulé les tranchées et cimetières d'est en ouest et du nord au sud (depuis 1914). Il espère que son pays se tiendra en dehors de la folie européenne. C'est, désespéré par l'entrée en guerre de son pays, qu'il retourne en Russie dès les premiers soubresauts de la révolution. Pourquoi là-bas? Il a été fasciné par ce pays lors de son précédent voyage, il pressent, comme il l'écrit à son ami Boardman Robinson, que «les choses vont se passer ici. Il est possible que le prolétariat finisse par perdre patience et se soulever"» Enfin il est enthousiasmé par le discours pacifiste des bolcheviques.

Il atteint Moscou le 10 septembre 1917 en compagnie de Louise Bryant, le grand amour de sa vie, qui le retrouvera au moment de sa mort à Bakou. Très vite il est emporté dans la révolution, comme le raconte Ewa Bérard dans sa préface: «Dans la nuit du 25 octobre, il monte avec des soldats mutinés de l'Institut Smolny à bord d'un camion qui se dirige ves le Palais d'hiver. Muni d'un laissez-passer établi par le Comité révolutionnaire, il pénètre dans le palais des