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Libération
Interview

La chute de l'empire roumain. Le héros de Dumitru Tsepeneag quitte l'après-Ceausescu pour sillonner, d'Est en Ouest, les bas-fonds d'un continent en déliquescence. Rencontre. Dumitru Tsepeneag : Hôtel Europa, Traduit du roumain par Alain Paruit, P.O.L, 395 pp., 135F.

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publié le 7 novembre 1996 à 1h56

Roman débridé sur fond de révolution roumaine et de disparition du

rideau de fer au tournant des années 90, Hôtel Europa a été écrit en roumain par Dumitru Tsepeneag, au contraire de ses deux derniers livres, rédigés directement en français, Roman de gare et Pigeon vole: «Finalement je suis un écrivain roumain et je suis revenu à ma langue maternelle», explique cet exilé au sixième étage d'un immeuble calme du VIIe arrondissement, où il jouit d'une chambre de bonne aménagée en bureau. Installé en France depuis 1975, Dumitru Tsepeneag est né en Roumanie en 1937. Après des études de droit, il a travaillé dans différentes maisons d'édition, comme correcteur, puis lecteur, et enfin comme traducteur du français, langue qu'il a apprise enfant. Avec quelques amis, il fonde dans sa jeunesse un groupe littéraire, le «groupe onirique», inspiré par le surréalisme mais pour mieux s'en débarrasser: pas d'écriture automatique, pas de rêves, mais des créations de rêves, à partir des modèles freudiens ou de l'observation. Emules de Valéry, ces oniristes rencontrent le nouveau roman français: Dumitru Tsepeneag, qui traduit alors en roumain Robbe-Grillet et Pinget, publie ses premières nouvelles en 1966, Exercices d'attente, bientôt suivi d'Arpièges et des Noces nécessaires.

La Roumanie des années 60 est un drôle de pays: Ceausescu, qui finira en 1989 au peloton d'exécution, cultive alors son indépendance par rapport à Moscou. Comme Dumitru Tsepeneag, beaucoup d'intellectuels essayent d'en pro