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Libération
Critique

Butoroscope.

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Pilier du Nouveau roman, prolixe au point de publier trois livres en même temps, Michel Butor a pris sa retraite «a l'écart» du monde des lettres et près de Genève, mais sait, entre voyages et écriture, meubler son emploi du temps. Rencontre autour d'une oeuvre-labyrinthe.
publié le 14 novembre 1996 à 1h36

Lucinges, envoyé spécial

Michel Butor vit depuis longtemps «A l'écart». Depuis qu'il a quitté Paris, le roman, le milieu. Il a vécu «Aux antipodes», une villa escarpée sur les hauteurs de Nice, puis tout près de Genève, où il a enseigné la littérature plus de vingt ans, et enfin ici, à Lucinges: une bâtisse massive, qu'il a appelée précisément «A l'écart», dans un village savoyard au-dessus d'Annemasse, sur le flanc du massif des Voirons. Genève n'est pas bien loin, mais Michel Butor est désormais à la retraite. Il n'enseigne plus, et depuis son bureau spacieux ouvrant sur la montagne, on n'entend rien que le bruit du vent, des oiseaux, des cloches, des enfants, et à certaines époques de l'année, d'un torrent. Michel Butor rentre du Canada. Régulièrement, l'homme s'envole pour quelque coin du monde. Invitations, colloques, conférences, plus rarement voyages d'agrément: avec sa barbe blanche hugolienne et son éternelle salopette de travail, Michel Butor est souvent perçu à l'étranger comme un prototype de la culture française. Pour fêter ses 70 ans (il est né le 14 septembre 1926 à Mons-en-Bareuil, dans le Nord), Michel Butor publie simultanément trois livres: Gyroscope, le cinquième et dernier volume du Génie du lieu;; et sa Correspondance (1955-1978) avec son ami écrivain Georges Perros. Trois livres qui témoignent de l'incessante activité de l'auteur de l'Emploi du temps et de son peu de goût pour la facilité. Au début des années 60, prix Renaudot pour la Modification, M