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Libération
Critique

Le bouquet de Rosamunde. Sous les dehors d'une stakhanoviste du best-seller , l'Anglaise Rosamunde Pilcher dresse un portrait sans afféterie de la middle-class britannique des années 40. Rosamunde Pilcher: Retour en Cornouailles, Traduit de l'anglais par Claire Beauvillard, Presses de la Cité, 846 pp., 149 F.

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publié le 21 novembre 1996 à 1h14

Il est permis de songer que c'est dans le décor victorien de Talland

House, la villa de ses grands-parents à St. Ives en Cornouailles, rachetée au début du siècle à sir Leslie Stephen, le propre père de Virginia Woolf, que la petite Rosamunde entendit le mystérieux appel de la fiction. Elle l'avoue elle-même: «J'ai eu envie d'écrire à l'âge de sept ans.» Mais la romancière septuagénaire s'empresse d'affirmer que la comparaison avec l'auteur de la Promenade au phare s'arrête là. «Je suis née et j'ai grandi dans le milieu le moins culturel qui fût et les êtres qui m'ont entourée ne se préoccupaient guère de littérature.» On l'imagine alors sous les traits de Judith Dunbar, l'héroïne de son dernier roman, Retour en Cornouailles, le plus achevé de ses livres, sous les traits d'une jeune anglaise comme tant d'autres, privée de l'affection d'un père officier en Birmanie. «Je ne l'ai pour ainsi dire jamais connu car, lorsqu'il revint enfin à la maison, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, c'était un vieillard taiseux que je me suis contentée d'aimer.» C'est en 1940, à seize ans, que Rosamunde apprend à taper à la machine et décide d'aider son pays en guerre. Elle se retrouve à Ceylan et y écrit sa première nouvelle, qui ne sera acceptée que cinq ans plus tard par le magazine Woman and Home. «Vous ne pouvez pas savoir ma joie lorsque j'ai reçu mon premier chèque. Je ne me suis plus jamais arrêtée d'écrire.» Ses ambitions seront d'abord modestes. La lecture favorite des Anglaises