Le sous-titre pourrait donner matière à un jeu de mots: plutôt que
«l'événement de l'autre», pourquoi pas «l'avènement de l'autre»? Le fait est que la Critique de l'égocentrisme proposée par Sylviane Agacinski dont on ne sait si elle serait reprise en termes plus directement politiques par son époux Lionel Jospin ne va pas sans une évocation récurrente de la procréation, du lien parental, de la chaîne des générations. Simplement parce que le «premier» autre, si l'on ose dire, est l'enfant, le mixte d'homme et de femme qui est à la fois un «même» le plus «semblable» de tous les semblables et un «autre» qui peut s'avérer d'autant plus radicalement autre dans le fameux conflit de générations. Avant que la philosophie ne soit appelée dans cet ouvrage à «accepter l'épreuve de l'autre langue, et l'événement de l'autre "homme», Sylviane Agacinski invoque ce modèle d'altérité qu'est l'enfance sous les angles divers de l'«héritage» et de ses pièges, de l'«amour» et son «aspiration à l'infini», enfin du «racisme» qui se fonde sur une conception identitaire de la communauté.
«La critique des idéologies racistes ne peut faire l'économie d'une critique de l'identité familiale», insiste l'auteur qui fait sienne l'analyse plus globale d'Etienne Balibar, selon laquelle «la fiction d'une identité raciale et le noyau symbolique de l'idée de race peuvent être compris à partir du schème de la généalogie». Le racisme, sur quoi l'ouvrage se clôt, se présente comme l'expression exacerbée d'u