Si le nom d'Athènes et celui d'Athéna dérivent de l'égyptien Ht nt
(les anciens n'identifiaient-ils pas, d'ailleurs, la déesse grecque à la divinité égyptienne?), alors la protectrice de l'Attique était noire. C'est l'une des thèses avancées dans Black Athena par Martin Bernal, qui a produit un véritable scandale outre-Atlantique. Pour les besoins de la cause, ce professeur de Cambridge et de Cornell a dû faire des Égyptiens anciens non seulement des Africains (ce qui va de soi) mais des Noirs (ce qui reste à démontrer). Il lui aura fallu aussi les envoyer conquérir une partie de la Grèce continentale. Ce qui outrepasse les opinions admises quant aux influences réciproques entre des cultures appartenant à une même aire de civilisation: la Méditerranée. On comprend mieux alors que le retentissement de Black Athena aux Etats-Unis se soit surtout produit parmi les théoriciens noirs du «développement séparé des races» et autres tenants du communautarisme pur et dur. Mais ce sont aussi ces mêmes milieux qui ont refusé avec force l'autre volet du propos de Bernal, à savoir la réévaluation du rôle des Phéniciens en particulier et des Sémites en général dans l'éclosion du «printemps grec».
Le parcours de Martin Bernal est assez atypique. Anglais, il débute la carrière universitaire comme spécialiste de l'extrême-orient, notamment des relations entre le Japon et la Chine au XXe siècle. Mais la réappropriation de son ascendance juive et la crise personnelle qui s'ensuit réorientent en