De très nombreux Indiens se replongent aujourd'hui dans la culture
de leurs parents, remontent le dernier siècle de leurs nations, non pour réanimer avec mélancolie des traditions, mais pour comprendre ce qu'ils sont devenus. Pour tenter de moins mal vivre dans cette Amérique qui n'est plus la leur, mais qui est toujours leur pays. Certains écrivent comme en témoignent trois livres récents: le Chant du Loup retour d'un jeune Indien dans sa vallée; le Cercle des Nations retour d'auteurs et de photographes indiens sur leur enfance; Comme des visages dans la lune retour d'une femme chez ses aïeules. Un roman, un album, un récit, écrits d'une même prose indienne contemporaine. Le premier, un roman de Louis Owens, débute sous la pluie, qui d'ailleurs ne quittera guère l'histoire. Un jeune Indien Stehemish, Tom Joseph, descend d'un bus Greyhound au carrefour d'une vallée dominée par les forêts de cèdres rouges et se fait prendre en stop par un camionneur qui le ramène à Forks, chez lui. Il porte de longs cheveux noirs, un étui à guitare pour bagage, et termine une année universitaire en Californie, dans le cadre des programmes d'intégration des minorités. Il revient enterrer son vieil oncle, qui lui avait fait découvrir les montagnes dans sa jeunesse, et des tas de «trucs» indiens. Il apprend que ce vieil «excentrique» passa ces dernières semaines à tirer au fusil sur les moteurs des bulldozers d'un chantier voisin.
Tom retrouve le café et ses tartes aux myrtilles, le Red Dog