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Libération
Critique

La locataire. Le roman noir d'une Anglaise discrète qui sait avec finesse faire surgir la terreur dans le champ clos de la vie ordinaire d'une maison de banlieue. Celia Fremlin. L'Heure bleue. Traduit de l'anglais par Marie-Thérèse Weal Le Masque, 280 pp., 34 F.

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publié le 9 janvier 1997 à 16h17

Romancière anglaise plutôt discrète, Celia Fremlin doit au récent

engouement du public français pour les auteurs policiers féminins de réapparaître, bien tardivement, sur le devant de la scène du crime. Née en 1914, elle consacre une grande partie de sa vie au service social de son pays, puis s'engage dans l'armée de l'air pendant la Seconde Guerre mondiale. Et ce n'est qu'en 1958 qu'elle publie son premier roman, l'Heure bleue. C'est la critique américaine qui la remarque et l'aide à obtenir l'année suivante un des très enviés «Edgars» de la «Mystery Writers Association» pour ce livre qualifié par Anthony Boucher de «suspense dense sur fond de décor domestique extrêmement réaliste». A la différence du plus grand nombre d'auteurs de Whodunits, seulement préoccupés de mettre en scène des caractères tranchés, à la limite de la caricature théâtrale, Fremlin décrit la vie ordinaire de ses contemporains en ne se fiant qu'à son instinct socio-psychologique. L'Heure bleue illustre bien son goût pour le champ clos d'une maison de banlieue ­ le lecteur ignore même dans quelle ville se situe l'action ­ où elle s'applique à peindre avec un certain entrain les faits et gestes de ses occupants. Le portrait de Louise, la jeune mère de famille débordée, dont nous suivons l'emploi du temps de façon circonstanciée, donne aussitôt la mesure d'un regard délibérément féministe sur le monde. Louise a trois enfants en bas âge et un mari professeur d'université totalement indifférent aux efforts