Une histoire de la critique moderne de René Wellek est le huitième
et dernier volume d'une vaste entreprise d'étude de la critique littéraire commencée dans les années cinquante et jusque-là inédite en France. A l'exception de la Théorie littéraire (Seuil, 1971) écrit en collaboration avec Austin Warren, l'oeuvre de Wellek est restée largement ignorée chez nous. Patron des comparatistes aux USA, René Wellek s'est trouvé en opposition avec l'université française dont il considérait, à juste titre, la méthodologie et les présupposés dépassés: «Les programmes de Van Tieghem, Carré et Guyard, écrivait-il, ont échoué... Ils ont encombré la littérature comparative avec une méthodologie obsolète basée sur le factualisme, le scientisme, et le relativisme historique, concepts morts hérités du XIXe siècle.» Plus tard, tout en reconnaissant Barthes comme un des critiques importants de l'époque, Wellek ferraillera à nouveau avec la mouvance structuraliste et déconstructionniste.
Surnommé «le critique des critiques», René Wellek est né en 1903, à Vienne, de parents tchèques. Il rejoint la Tchécoslovaquie lors de la fondation de la première République en 1918. Membre du cercle de Prague, l'invasion allemande le pousse sur la route de l'exil. En 1939, il émigre aux USA, où il devient professeur de littérature comparée à l'université de Yale. Mais pour autant, comme l'explique Ernest Sturm dans sa présentation, le point de vue de Wellek n'est pas celui d'un simple historien qui ne ferait que