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Libération
Critique

Toussaint, infidèle au poste.

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Romancier et cinéaste, Jean-Philippe Toussaint est sorti de «la Salle de bain» pour cesser de regarder «la Télévision».Entretien avec un ennemi de la «machine incontinente».
publié le 16 janvier 1997 à 15h56

Après cinq ans de silence, Jean-Philippe Toussaint est de retour: la

Télévision, son cinquième roman, paraît alors que lui-même vient de rentrer à Bruxelles, sa ville natale, après un long séjour à Berlin et un autre plus bref à la villa Kujoyama (sorte de Villa Médicis), à Kyoto. L'auteur, qui fêtera cette année ses quarante ans, avait «vingt-sept ans, bientôt vingt-neuf» quand il publie en 1985 son premier roman, la Salle de bain. Le livre fut un gros succès de librairie, dépassant les 60000 exemplaires, porté à l'écran et traduit dans une vingtaine de langues, dont tout dernièrement le hongrois et le chinois. Ce fut surtout un livre culte, dont l'originalité de la forme (faussement algébrique, chaque paragraphe étant numéroté) et du ton (une manière nonchalante et féroce, toujours drôle, de parler du mal de vivre) fit école, dans la jeune génération de romanciers, notamment chez le même éditeur. S'il n'a rien publié pendant cinq ans, Jean-Philippe Toussaint n'a pas chômé pour autant: à Berlin, il a coréalisé un long métrage pour la télévision allemande, Berlin 10h46, et surtout écrit le scénario de son troisième film (après Monsieur et la Sévillane), qui, à la différence des précédents, n'est pas l'adaptation d'un de ses romans mais un sujet original, intitulé la Patinoire, dont le tournage devrait avoir lieu cette année.

Dans l'immeuble résidentiel du quartier de son enfance où sa mère tient toujours une librairie, l'écrivain évoque avec enthousiasme son récent séjour au