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Bande dessinée

Cases cliniques

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Un récit autobiographique centré sur l'épilepsie dont fut victime le petit frère de David B. et sur ses tentatives de traitement.
publié le 23 janvier 1997 à 15h31

La maladie est rarement le sujet d'une bande dessinée. David B. a relevé le défi dans cet album autobiographique centré sur son frère aîné, atteint depuis l'enfance d'épilepsie, ce «haut mal» qui resta longtemps comme le signe d'une malédiction. Ils sont trois frères et soeurs dans les années 60 à Orléans. A table, le père parle de la Bible, la mère raconte la conquête de l'Amérique et le soir, lit Jules Verne à ses enfants. La nuit, gonflé par tous ces récits, Fafou, le narrateur-enfant est comme enlevé par des «typhons». Un jour, son frère Tito se fige soudain, inerte et lourd, les yeux révulsés: «Il a été enlevé par un typhon, c'est sûr, pense Fafou, mais c'est bizarre, je pensais pas qu'il y avait des typhons le jour.»

Commence alors la ronde des médecins, des spécialistes, et les voyages à Paris. Le mal de Tito est diagnostiqué, et les médicaments espacent les crises. Entre deux, les deux frères font les bêtises de leur âge et se battent contre la bande du bas de la rue. Hantés par les récits de leurs grands-pères et les échos de la guerre d'Algérie, ils dessinent aussi beaucoup, précisément sur la guerre. Avec une certaine frénésie, Fafou couvre des feuilles entières de batailles gigantesques: «C'est mon épilepsie à moi.»

Quelques années plus tard, après des tentatives du côté de l'antipsychiatrie, Tito est emmené à Sainte-Anne, où on veut l'opérer: bouleversés par les risques liés à l'intervention et par la morgue des médecins, les parents refusent et confient leur fils