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Critique

Comment l'Esprit vint à Will Eisner.

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Né en 1917 dans le Bronx, le créateur du Spirit et du roman graphique publie un manuel pince-sans-rire de BD. Itinéraire d'un roi du comics, grand illusionniste, influencé à la fois par Fritz Lang, Ambrose Bierce, Humphrey Bogart et Guy de Maupassant.
publié le 23 janvier 1997 à 15h33

Figure légendaire des comics américain, le père du mythique Spirit

est aussi l'inventeur du «roman graphique» et le théoricien d'un genre qu'il a aidé à faire reconnaître des deux côtés de l'Atlantique. William Erwin Eisner est né à New York le 6 mars 1917. «Ma mère est roumaine et mon père autrichien. Il avait été à Vienne un peintre paysagiste de renom et c'est de lui que je tiens mon goût pour les arts visuels. Lorsque j'étais enfant, il travaillait comme décorateur au théâtre yiddish de New York. Mais la crise de 1929 l'a contraint à trouver un emploi chez un fourreur de la 7e Avenue.» Quant au jeune Will, il doit vendre des journaux à Wall Street pour aider ses parents. «A cette époque, j'étais un lecteur avide de romans et de nouvelles. Je découvrais avec fascination les oeuvres de Maupassant, les contes de O'Henry, de Ring Lardner, de Saki et de Ben Hecht publiés dans les "pulp magazines. Ma vocation artistique est née de celle de mon père et de l'admiration que j'avais pour les peintures de Daumier et de Vélasquez.» Les influences classiques se mêlent à celles des bandes dessinées publiées dans les quotidiens et les suppléments du dimanche des journaux. Flash Gordon d'Alex Raymond, Terry et les pirates de Milton Caniff et Prince Vaillant de Foster occupent le haut du pavé en matière de fiction dessinée. «Les dessinateurs qui m'ont le plus marqué sont Elsi Segar, l'auteur de Popeye et Herriman qui dessinait Krazy Kat.» La fantaisie débridée de Krazy Kat (1) inspire se