La manière la moins erronée de qualifier le monde des Cités obscures
est sans doute de le définir comme un reflet décalé de la terre. Sensiblement plus petit, il est invisible depuis notre planète comme s'il était victime d'une ellipse permanente.» Les Cités obscures de Schuiten et Peeters (1), ces «Voyages extraordinaires» qui d'album en album invitent le lecteur à découvrir un autre monde appelaient depuis longtemps leur guide de voyage et de lecture. C'est un album à part entière plein d'informations sur les aventures passées et futures des héros de cette série culte et qui en relance en même temps la lecture.
Ce Baedecker est une petite encyclopédie. Sa chronologie débute par la construction de la Tour, vers 450 de cette ère. Dès cette époque l'histoire des Cités obscures est marquée par la rivalité des villes entre elles: Pâhry, Sodrovni, Xhystos, Mylos, Brüsels, Urbicande, Alaxis... La géographie y est présente avec toutes ses tentatives de cartographies. Mais comme chaque cité a édifié sa propre carte en se donnant elle-même comme capitale du Continent, les représentations de ce monde en sont toujours un peu gauchies. Bordé par l'océan Neptunique, le monde obscur pourrait évoquer notre globe avant qu'ait eu lieu la séparation des continents. La faune y est constituée en majorité par des volatiles car de nombreuses espèces y ont disparu à jamais. On notera cependant le Bunyip présent dans plusieurs régions, tandis que des animaux comme l'Antilope des mers ou le Boustrop