Micheline Phankim est l'exécutrice testamentaire d'Henri Michaux, et
à ce titre elle a recueilli tous les papiers du poète et du peintre après sa mort. C'est elle qui, avec Anne-Elisabeth Halpern, est responsable de l'édition de A distance. Médecin, Micheline Phamkin a connu Henri Michaux en 1961, et resta très liée avec lui jusqu'à sa mort en 1984. Elle évoque quelques-uns de ses souvenirs.
A distance paraît plus de douze ans après la mort d'Henri Michaux. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps?
Pendant dix ans, j'ai laissé dormir tous ses documents dans les valises et les cartons où je les avais rangés après sa mort. Mon travail me prenait tout mon temps. Puis il y a deux ans, je me suis libérée d'une partie de mes obligations et je m'y suis attelée. Cela n'a pas été facile car Henri Michaux était très désordonné, les papiers sont très mélangés. Dans une même chemise, il pouvait y avoir deux à trois pages tapées à la machine, des programmes de spectacles et des prospectus de voyages. J'ai mis d'autant plus de temps que Henri Michaux avait une écriture très difficile à déchiffrer.
Comment écrivait-il?
Il écrivait au lit, allongé, tard le matin. Il ne voulait pas fatiguer son coeur, qui souffrait d'une malformation congénitale. Il travaillait lentement, commençait par jeter deux ou trois mots sur des bouts de papier. Puis il faisait une version à la main, qu'il tapait ensuite à la machine, à deux doigts, sans grand souci typographique. Il envoyait cette frappe à une ancienne se