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Libération
Critique

Le choc Goldhagen.

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Les Allemands ordinaires ont été dans leur majorité les complices du génocide parce qu'ils étaient antisémites: cette thèse sur les «bourreaux volontaires de Hitler» déchaîne depuis un an la polémique. Daniel Goldhagen répond aux attaques dans «Libération».
publié le 30 janvier 1997 à 15h10

Pourquoi le livre de Daniel Goldhagen, Les bourreaux volontaires de

Hitler, première recherche exhaustive sur les Allemands ordinaires et l'Holocauste, fait-il scandale? Parce qu'il établit, au terme d'un livre-somme de six cents pages, que le peuple allemand, dans sa majorité, a trouvé normal et nécessaire d'éliminer les Juifs. Qu'entre 500.000 et un million d'Allemands ordinaires - ni SS ni nazis - ont volontairement participé à la mise à mort des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards. Que ces Allemands ordinaires étaient animés par un type particulier d'antisémitisme qui diabolisait les Juifs et les amenait à conclure que cette «race» devait mourir. Que les Allemands pensaient, comme Hitler, que les Juifs étaient «l'infortune de l'Allemagne», la raison de tous les maux. Que même les opposants au nazisme ne s'offusquaient pas de la persécution des juifs. Qu'il existait depuis 1933 un mouvement de masse, en Allemagne, pour persécuter les Juifs. Et que la décision de Hitler n'était pas un accident historique.

'holocauste était une affaire allemande, qui a pu se dérouler dans ce pays parce qu'«un ensemble de croyances donnait du Juif une définition qui appelait à la vengeance contre lui et alimentait une haine plus profonde que toutes celles jamais éprouvées par un peuple envers un autre» explique Daniel Goldhagen, 37 ans, professeur de sciences politiques à l'université de Harvard (USA), qui travaille depuis quinze ans sur son sujet.

Dans une démonstration accablante