En 1935, le jeune Claude Lévi-Strauss débarque au Brésil pour enseigner à la nouvelle université de Sao Paulo. C'est là qu'il fait connaissance avec Mario de Andrade et c'est en partie grâce à lui qu'il monte ses expéditions ethnographiques qui allaient donner naissance à Tristes Tropiques. Aujourd'hui, plus de soixante plus tard, il évoque pour nous cette période.
Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Mario de Andrade?
Quand je suis arrivé au Brésil, il n'y avait pas très longtemps qu'existait à la municipalité de Sao Paulo un département de la culture. C'était une grande innovation, car jusque-là les autorités brésiliennes ne s'étaient pas beaucoup souciées de culture. Ce département avait plusieurs sections, et Mario de Andrade était chef de l'une d'entre elles. Cette initiative constituait l'alternative de la nouvelle université, fondée par des grands notables, à qui je devais d'être là. Alors que ces derniers étaient libéraux mais conservateurs, le département de la culture représentait l'avant-garde. Cette avant-garde s'incarnait dans l'oeuvre et la personne de Mario de Andrade. Il était alors avec son homonyme Osvaldo de Andrade, que j'ai également connu, un des introducteurs du modernisme au Brésil: on disait alors le «futurisme». Pour des raisons de génération et de sympathie intellectuelle, j'étais évidemment attiré par ce département de la culture.
Quelle était la personnalité de Mario de Andrade?
C'était un personnage asse