Menu
Libération

Sang famille.

Article réservé aux abonnés
Publié pour la première fois en 1897, «Dracula» de Bram Stoker a aujourd'hui cent ans et toutes ses dents. Biographie de son créateur, Irlandais dont la vie commence et finit comme un roman d'épouvante, et généalogie d'un personnage qui a jusqu'ici toujours trouvé les moyens de se régénérer.
publié le 20 février 1997 à 17h19

A un détour de sa Biographie de Dracula ou la Vie de Bram Stoker,

parue en 1963, l'Anglais Harry Ludlam précipite le lecteur dans l'enfer d'un récit signé Charlotte Stoker ­ la propre mère de Bram ­, évoquant avec force détails grand-guignolesques une épidémie de peste à Sligo (Irlande), en l'année 1832. On se croirait en présence d'un conte d'épouvante de Poe ou de Lovecraft, mais il ne s'agit là que d'une des histoires du folklore familial dont le petit Abraham Stoker, né à Dublin le 8 novembre 1847, aurait ­ nous dit Ludlam ­ été abreuvé. Une autre de ces histoires rapporte qu'au cours de la même épidémie Charlotte aurait tranché d'un coup de hache la main d'un malade cherchant à s'introduire dans la maison familiale où elle se barricadait" Bram Stoker enfant manquera de peu de succomber à l'une de ces maladies qu'on soignait mal à l'époque, mais, héritier de l'énergie maternelle, il triomphe du mal et devient l'un des garçons les plus athlétiques de Trinity College où l'envoie son père, un modeste fonctionnaire de la Couronne, en 1864. Son goût pour l'écriture se manifeste alors, mais Bram ne songe encore qu'à devenir journaliste et, passionné de théâtre, il fait ses débuts de critique au Dublin Mail. Un soir du mois d'août 1867 apparaît sur la scène du Théâtre royal la silhouette longiligne d'un comédien qui va sceller le destin du jeune homme. Henry Irving, déjà célèbre pour ses interprétations de Shakespeare, est en tournée. A la fin du spectacle, Bram se précipite ve