Un certain nombre de spécialistes ont sué sang et encre sur la
généalogie de Dracula. Comme il se doit, c'est un Roumain, Radu Florescu, qui le premier a fouillé l'histoire de son pays afin d'y traquer le «prince empaleur» Vlad, surnommé par ses contemporains «Dracula» et responsable de quelques sanglants méfaits au milieu du XVe siècle. Toutes choses qui n'avaient pas échappé à Bram Stoker. Mais le vampire littéraire est une créature fort peu historique et, en dépit de ce que put apprendre le romancier sur les superstitions roumaines, c'est aux profondeurs de l'imaginaire (ou de l'inconscient) que puisent les meilleurs auteurs de contes fantastiques. Ainsi que le révèle la chronologie établie dans les Cahiers de l'Herne Dracula dirigés par Charles Grivel, le propre secrétaire de lord Byron, J. W. Polidori, serait le premier auteur d'une fiction vampirique, au cours du fameux été 1816 qui vit Mary Shelley inventer son Frankenstein. Cette histoire, publiée en 1819, inspirera bientôt Charles Nodier, qui l'adaptera avec succès au théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris. La Carmilla de Sheridan Le Fanu, parue en 1871, constitue la source la plus évidente de Dracula, établissant un lien pervers entre la sexualité débridée des protagonistes et leur pouvoir d'immortalité" transmissible. La Ville-Vampire de Paul Féval, publiée trois ans plus tard, projette, au coeur d'une intrigue endiablée, la romancière Ann Radcliffe. Ce très beau livre élargit de façon avant-gardiste le thème gé